L’Orient,
de loin, c’est quelque chose. De près, c’est beaucoup de choses, les
unes que l’Occident a connues, et les autres qu’il ne connaît pas, dont
l’Orient lui-même est loin d’avoir jamais pris conscience. Aussi
l’antithèse Orient-Occident n’a-t-elle
chance de fournir un thème à des réflexions utiles que si l’on commence
par la considérer dans les termes où elle s’est effectivement proposée à
l’Europe, le long, pour ainsi dire, de ses frontières historiques.
La civilisation d’Occident affleure, dans l’histoire, avec l’arithmétique de Pythagore, avec la maïeutique de Socrate. Et certes, à travers les siècles de la décadence hellénistique, Pythagore et Socrate retomberont au niveau où les légendes orientales laissent leurs héros : ils deviendront maîtres de divination ou faiseurs de miracles...
Par delà les luttes perpétuelles des espèces éclate, aux yeux d’un observateur impartial et désintéressé, l’identité du genre. Et déjà Montaigne se plaisait à relever dans l’Apologie de Raimond Sebond, les étranges exemples de « similitudes et convenances » que « le nouveau monde des Indes occidentales » offre avec le nôtre, « présent et passé » : circoncision et croix, usage des mitres et célibat des prêtres. Il prenait à témoins les « cannibales » venus à Rouen du temps de Charles IX, pour se convaincre, et pour convaincre ses lecteurs, que « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage».
Telle est la première perspective de la sagesse occidentale selon Montaigne, et telle déjà elle inquiétait la clairvoyance de Pascal. Mais, depuis Descartes, on ne peut plus dire que la vérité d’Occident tienne tout entière dans la critique historique et sociologique des imaginations primitives...
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